Les Eaux Minérales de Saint-Myon
Le village de Saint-Myon a connu jusqu’à sept sources d’eaux minérales en exploitation entre 1900 et 1930 : les sources Desaix, Communale, Jaffeux, Rigaud et Fayard (N°1 et 2) sur la rive droite de la Morge et la source Jeanne-Marie au village de Parret.
L’émergence de ces nombreuses sources s’explique par le contexte des lieux situés sur le trajet de failles géologiques. Ces failles bordières de la Limagne dirigées nord/est et sud/ouest, suivent les mêmes trajectoires que les eaux de Châtel-Guyon et Vichy. Ces eaux profondes en remontant à la surface se sont chargées au cours de leur parcours de divers minéraux et oligo-éléments. Les eaux du bassin de Saint-Myon au caractère minéral très prononcé, sont froides (de 10 à 14°C), gazeuses et ferrugineuses. Elles appartiennent à la famille des eaux bicarbonatées sodiques.
Riches en sodium, potassium, calcium, magnésium, oxyde de fer et dioxyde de carbone, les eaux de Saint-Myon sont excellentes dans le traitement de certaines affections gastro-intestinales et hépato-biliaires. Elles participent à la bonne motricité du tube digestif et le fort pourcentage d’oxyde de fer qu’elles contiennent, en fait un remède efficace contre l’anémie.
La plus ancienne et la plus réputée, la source Desaix doit son label à la suite du mariage du baron Casimir Marie Desaix, neveu du célèbre général napoléonien, avec Marguerite Urion de Laguesle de Saint-Myon, dont la famille était propriétaire des lieux.
Des textes de la fin du 16e siècle attestent les bienfaits des eaux de cette source, par la guérison de plusieurs malades les ayant consommées. Mais c’est surtout au cours du 17e siècle qu’elles ont acquis leur titre de noblesse, grâce à d’éminents médecins qui les analysèrent, en vantèrent les mérites et les prescrivirent.
Ces eaux étaient régulièrement servies à la table du roi Louis XIV et son ministre Colbert en aurait fait usage jusqu’à la fin de sa vie. Le cardinal Mazarin les utilisait pour combattre sa goutte. Blaise Pascal, qui n’en voulait boire point d’autres, en aurait abusé. La marquise de Sévigné et la grande Mademoiselle de Montpensier les prenaient en cure.
Lors de son exploitation, une tolérance était accordée quotidiennement aux habitants de Saint-Myon pour leurs besoins de consommation.
Avec une capacité de production limitée, l’exploitation artisanale des sources du bassin de Saint-Myon même modernisée ne supportera pas la concurrence et les dernières sources cesseront d’être exploitées à la fin des années 1950.
Les bâtiments des sources Communale, Rigaud, Fradet et Jeanne-Marie n’existent plus, seuls quelques vestiges subsistent. Ceux des sources Desaix, Fayard, Jaffeux, Alphonse et Gros ont été préservés et sont encore en place. Le bâtiment (daté de 1775) et les abords de la source Desaix ont fait l’objet de deux campagnes de restauration en 2006 et 2011-2012. Acquise par la commune de Saint-Myon en 1968, la source Desaix conserve toujours son autorisation. Elle est analysée régulièrement et les habitués ou visiteurs viennent la consommer sur place ou en prélever quelques bouteilles.
Une exposition permanente installée à l’étage du bâtiment depuis 2013, relate l’historique de ces différentes sources et autres sources environnantes.
Michel MIALIER